Maroc de la civilisation Un développement équitable est possible – Devoir des riches : engagement et investissement - Deuxième partie -

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Aziz Rabbah
03 octobre 2025

 

Loin d’exploiter la conjoncture, de surfer sur les vagues de protestations pour régler des comptes, échanger des accusations, attiser les tensions ou multiplier les surenchères, il faut admettre que nous sommes tous responsables – à des degrés divers – de l’absence de justice sociale, en raison des échecs dans des secteurs vitaux tels que la santé, l’éducation et l’emploi. Nous sommes également responsables de l’injustice territoriale, due à la marginalisation de certaines régions, zones rurales, montagneuses et même urbaines.

Ainsi, il est nécessaire de reconnaître que la responsabilité est partagée : du simple fonctionnaire jusqu’au chef du gouvernement, en passant par les élus, les administrateurs, les responsables et les autorités. Une responsabilité qui s’étend sur des décennies. Plus de place aujourd’hui pour l’invective, les accusations mutuelles ou les exploitations malveillantes : cela n’est ni digne sur le plan religieux, ni sur le plan national.

Comme beaucoup d’acteurs civils, médiatiques et intellectuels, j’essaie d’apporter des initiatives et propositions à qui de droit, espérant qu’elles puissent contribuer à résoudre les problèmes qui ont engendré un « Maroc à deux vitesses », avec tout ce que cela a produit de frustration, de désespoir et de protestations.

Il y a déjà des années, j’avais publié une série d’articles intitulée Maroc de la civilisation, où j’abordais des questions et des solutions relatives à l’unification du rythme du développement national et ses effets positifs pour tous les citoyens et toutes les régions. J’y avais évoqué l’intégrité et la redevabilité, la confiance entre l’État et les élites, le développement équitable, la construction de l’être humain, la gouvernance sociale, économique et territoriale, ainsi que les problématiques de l’eau, de la sécurité alimentaire, de l’investissement, de l’emploi et de la jeunesse. Ces articles étaient des appels au conseil et à l’évaluation, un aveu de défaillances, et une tentative de les racheter par la coopération pour provoquer un tournant historique dans la trajectoire du développement national.

Je crois fermement que les riches de ce pays peuvent assumer leurs responsabilités, soutenir l’État dans la recherche de solutions et accompagner la société dans l’ancrage de la solidarité. Dans ce cadre, je propose quelques mesures pratiques qui pourraient contribuer à réaliser un développement équitable, notamment en matière de création d’emplois et de développement des provinces défavorisées. Ces mesures peuvent être adoptées en tout ou en partie :

  1. Payer les impôts comme il se doit et profiter des programmes de régularisation dans l’intérêt du pays et du contribuable.

  2. Injecter dans l’économie nationale les fonds non déclarés.

  3. Rapatrier les capitaux déposés à l’étranger en bénéficiant de programmes de régularisation, et en réinjecter une partie dans l’économie nationale.

  4. Accroître les investissements dans les secteurs porteurs et créateurs d’emplois, surtout dans les zones défavorisées, selon un contrat équilibré qui profite à l’État et aux investisseurs.

  5. Embaucher 10 % de main-d’œuvre supplémentaire, mesure qui ne coûterait qu’une faible part des bénéfices.

  6. Parrainer des jeunes par des bourses mensuelles pendant un ou deux ans pour une formation ou un projet, avec défiscalisation de ces dépenses.

  7. Déclarer tous les employés et leur accorder des augmentations raisonnables réduisant la précarité et favorisant la stabilité familiale.

  8. Partager les bénéfices avec l’État pour ceux qui ont bénéficié de projets subventionnés (agriculture, mines, pêche, carrières, logement, etc.).

  9. Lancer des programmes de solidarité pour le développement, financés par la zakat et une part des bénéfices, individuellement ou collectivement.

  10. Soutenir les coopératives, petites entreprises et auto-entrepreneurs à travers la sous-traitance ou l’achat de leurs produits et services.

Je suis convaincu que l’État et les riches peuvent trouver des formules de contrat national alliant obligation, consensus et volontariat, pour l’intérêt de tous : État, société et élites économiques. Un contrat qui contribuerait à répondre aux revendications sociales et territoriales, à compenser les échecs et dérives du passé, et à fonder davantage de confiance et de stabilité.


 


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