
Aziz Rabbah – 10 novembre 2025
Je publie ci-dessous des extraits exacts, en arabe, de la déclaration du ministre de la Justice au Parlement — afin de ne ni le déformer ni lui prêter des propos qu’il n’a pas tenus :
« Que vous importe le mariage et le divorce ? Que celui qui veut se marier le fasse, et que celui qui veut divorcer divorce. »
« Voulez-vous que le programme gouvernemental traite du mariage et du divorce ? »
« En quoi sommes-nous concernés par l’éducation des enfants ? »
« Le divorce était difficile, comme dans le film de Faten Hamama Je veux une solution. »
Je laisse les lecteurs consulter l’intégralité de son intervention pour juger du niveau et du contenu, malheureusement accueillis par des rires et des applaudissements de certains députés.
Une telle déclaration, prononcée au Parlement, banalise le mariage et le divorce, en contradiction avec toutes les références nationales, en particulier la Constitution et les missions gouvernementales. Et voilà qu’un film égyptien devient la référence d’un ministre de la Justice dans l’enceinte du Parlement ! Quelle désolation !
Or, la Constitution est claire.
Son article 32 stipule que :
La famille fondée sur le mariage légal est la cellule de base de la société.
L’État veille à la protection juridique, sociale et économique de la famille afin d’assurer son unité, sa stabilité et sa pérennité.
Il garantit à tous les enfants, sans distinction d’origine familiale, protection et considération égales.
L’éducation fondamentale est un droit de l’enfant et un devoir de la famille et de l’État.
L’État crée des institutions dédiées à la promotion des conditions familiales et à l’équilibre des droits et devoirs au sein de la famille.
Aucun respect non plus des missions gouvernementales : le gouvernement compte un ministère chargé de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la famille. Parmi ses attributions figurent :
La politique nationale de la famille :
Élaboration d’une stratégie pour soutenir la cohésion et la stabilité des familles.
Coordination intersectorielle pour intégrer la dimension familiale dans les politiques publiques.
L’amélioration du statut de la femme :
Mise en œuvre du plan national pour l’égalité Ikram 1 et 2.
Autonomisation économique et sociale des femmes au sein de la famille.
La protection de l’enfance :
Pilotage du Conseil national des droits de l’enfant et du comité d’appui aux femmes et enfants victimes de violence.
L’accompagnement des familles vulnérables et des personnes en situation de handicap :
Gestion des centres d’accueil et programmes de soutien social.
La médiation familiale et la cohésion sociale :
Création de cellules de médiation pour éviter les ruptures familiales.
La coopération avec la société civile :
Soutien aux associations œuvrant pour la famille, la femme et l’enfant.
Le ministère a lancé la stratégie « Jisr » (Le Pont) 2022-2026 pour un développement social inclusif et durable, centrée notamment sur le renforcement du lien familial et social.
Même la mission du ministère de la Justice, dirigé par le ministre lui-même, mentionne la médiation et le règlement à l’amiable des conflits familiaux avant tout recours judiciaire, dans le but de préserver l’unité du foyer.
Ainsi, nous sommes face à un ministre qui place ses convictions personnelles au-dessus du cadre institutionnel et juridique de l’État.
Pire encore : un ministre qui sous-estime la valeur du mariage et la gravité du divorce, piliers de la stabilité nationale.
Ce ne sont pas des maladresses de langage ni des plaisanteries : c’est la manifestation d’un courant idéologique qui exploite ses positions officielles pour imposer ses croyances, en contradiction avec les valeurs et la culture du pays.
Ce courant méprise les fondements de la famille marocaine et s’inspire d’un modèle occidental en crise : libertés sans repères, relations libres, banalisation du divorce, et réduction du mariage à un simple contrat financier.
Un courant qui instrumentalise le discours sur les droits des femmes comme un piège et non comme un progrès réel.
Mais qu’ils se rassurent : la Maison a un Seigneur qui la protège.
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